Au niveau local, des actions de mobilité sont entreprises pour permettre aux usagers « actifs » (piétons, cyclistes,…) de circuler de manière plus agréable et efficace dans la commune et en liaison avec le reste de la Région Bruxelloise : pose de dispositifs ralentisseurs sur les voiries de quartier, lutte contre le stationnement sauvage et contre les véhicules-ventouse via le plan de stationnement, etc… De belles réalisations sont en cours en collaboration avec Bruxelles-Mobilité, comme la mise à une bande de circulation dans chaque sens de cette ancienne autoroute urbaine qu’était l’avenue Albert ou la réalisation d’Itinéraires Cyclables Régionaux et son cortège d’aménagements importants à divers endroits de Forest. Enfin, le volet mobilité du Contrat de Quartier Durable Abbaye (qui se déroulera de 2015 à 2018 et dont le dossier de base est soumis à l’approbation du Gouvernement Régional) est conséquent, avec en vue :
- une redéfinition de la circulation au centre de Forest, alentours de la place Saint Denis, où se croisent avec dangers et difficultés voitures, motos, trams, bus, cyclistes et piétons ;
- la revalorisation de voiries peu utilisées actuellement, pour délester l’important trafic ;
- des liaisons « douces » entre le centre et les nouveaux quartiers qui terminent l’urbanisation de la Commune.
D’une manière générale, il est assez logique qu’une commune ne représentant que 6,2 km2 sur les 161 km2 que compte la Région Bruxelloise, mais qui est un point d’accès routier important à la Région en provenance du Hainaut, de la partie occidentale du Brabant Wallon ainsi que de Flandre Orientale, définisse sa politique de mobilité comme « bon élève » de la politique régionale de mobilité. Cependant, à situation inchangée, cela ne suffira pas sans une impulsion volontariste se projetant à long terme. Les raisons en sont les suivantes :
- l’urbanisation hybride de Forest;
- la topographie de la commune ;
- les choix stratégiques opérés par le passé en matière de transports en commun et leurs conséquences actuelles.
La voie la plus aisée pour apporter une solution rapide à la question de la mobilité à Forest est de densifier le réseau routier de transports en commun à l’intérieur de Forest plutôt que de l’effleurer. La relative facilité de mise en œuvre ne répond cependant pas à certains enjeux, à court ou long terme :
- Le transport routier ne peut être vu comme une solution d’avenir en pensant une politique de mobilité à l’échelle de décennies ;
- Il occupe un espace public au sol considérable ;
- Il ne permet pas l’appropriation par les forestois et par les entreprises qui voudraient s’y installer de la zone du canal, actuellement inaccessible ;
- L’accès facile aux futurs nœuds du RER, Forest Est et Midi ;
- Il ne permet pas la liaison entre Forest et Anderlecht.
Le précédent gouvernement régional a proposé un plan Mobil 2040. Une telle approche est bénéfique à plusieurs titres :
- Elle permet d’envisager les investissements lourds en infrastructure dans la durée ;
- Elle se départ de la dictature du court terme ;
- Elle met en place une dynamique ambitieuse et contributive.
Au reste, si penser à l’horizon du prochain quart de siècle est intéressant, il est capital pour que cette dynamique vive d’imaginer des mises en œuvre à court terme d’éléments de cette vision d’avenir.
Mobil 2040 envisage de hisser Bruxelles au niveau d’autres métropoles, telles Londres, Lisbonne ou Rio de Janeiro en recourant à un moyen de transport beaucoup moins coûteux que le rail, plus facile à mettre en œuvre et dont le coût marginal au mètre est réduit : les télécabines.
Autrefois réservé aux stations de sport d’hiver, les télécabines sont à présent couramment utilisées comme moyen de se déplacer d’un point à un autre en ville. Cela permet de franchir des obstacles telles des zones industrielles ou des dénivelés importants. En outre, l’empreinte au sol est réduite aux stations d’embarquement/débarquement. Le débit en passagers atteint facilement celui d’un grand tram, sans temps d’attente ! Enfin, le coût de mise en œuvre est réduit comparativement aux liaisons terrestres.
Demeurent évidemment les aspects psychologiques. S’ils ne sont pas à négliger, ils ne peuvent cependant servir d’épouvantail : les générations futures pourraient juger sévèrement notre frilosité.
L’étude Mobil2040 ne s’y est pas trompé, proposant de relier le quartier de Forest National et de la gare de Forest Est à la place Saint Denis, à la gare de Forest Midi ou au CERIA, à Anderlecht. Cette utopie pourrait être testée avec un prototype peu coûteux, reliant les quartiers qui vont être bâtis avec le métro de la place Albert, à partir du quartier de l’Union.
Rappelons qu’une utopie s’oppose à l’idéologie en proposant des solutions remettant en cause les fatalités de l’ordre établi. Ne serait-ce pas la fonction première du politique que de soumettre au débat la réalisation concrètes d’utopies ?
Le coût de réalisation de cette utopie concrète est bien plus bas tant financièrement qu’en terme de nuisances que celui des solutions classiques, bus, tram et métro. De plus, les télécabines peuvent s’intégrer avec ces solutions.
Jean-Claude Englebert
Echevin de la Mobilité