Ce vendredi 8 mai était une journée particulière à Forest.
Journée particulière car, ce jour-là, ont eu lieu comme chaque année les commémorations organisées sous l’égide de l’échevine Mariam El Hamidine mais, en même temps, l’inauguration des « Pavés de Mémoire » du numéro 73 de la rue Rodenbach. Cette pose de pavés était organisée par l’Association pour la Mémoire de la Shoah.
En Belgique, plus de 25.000 juifs ont été déportés. L’Association pour la Mémoire de la Shoah contribue d’une manière bien singulière à honorer, à reconnaître la souffrance de ces victimes disparues. En guise d’au revoir, elle organise une cérémonie en leur souvenir. Le rituel très particulier consiste en l’intégration dans le trottoir de petits pavés en laiton d’une dizaine de centimètres. Créés par l’artiste allemand Gunter Demnig, ils portent pour inscription les noms et prénoms des disparus, leur date de naissance, le jour de leur arrestation ainsi que leur lieu de détention, de déportation et d’assassinat. La couleur dorée les distingue des autres afin d’attirer le regard du piéton.
En amont de cette cérémonie, est organisé un réel travail de mémoire et d’éducation par l’Association pour la Mémoire de la Shoah, en partenariat avec les communes concernées ainsi qu’avec des jeunes de la commune. Différents objectifs sont poursuivis et étroitement liés : organiser le rite de l’au revoir, effectuer un travail de mémoire et également un travail pédagogique. Comment pouvons-nous ne pas oublier et dès lors lutter contre toute forme de discrimination si nous ne savons pas comment la barbarie peut s’installer, quels en sont les prémices et quels étaient les mécanismes à l’œuvre à l’époque ?
Connaître l’histoire, c’est pouvoir mieux appréhender les signaux d’alerte. Cette connaissance est le meilleur outil pour être capable de se lever dès le constat d’une dérive car on sait jusqu’où cela peut aller. L’intégration des éléments de l’histoire, la participation à la reconnaissance de la souffrance est la meilleure manière de ne pas oublier et de participer au combat « plus jamais ça ! ».
Ce 8 mai étaient inaugurés les pavés pour Mesdames Cerla U Bukowska Branicki et Balcia Branicka, la grand-mère et la grande tante de Mme Feinstein, qui toute deux vivaient rue Rodenbach lorsque, la veille du printemps 1944, elles ont été victimes d’une rafle alors qu’elles se baladaient dans la rue. Elles ne sont jamais revenues…
Anne RAKOVSKY