La nouvelle proposition du secrétaire d’Etat, Bart Tommelein de contrôler la consommation de gaz et d’eau des chômeurs a pour seul objectif de saper la légitimité de la protection sociale dans notre pays. Personne ne peut accepter que des individus trichent et bénéficient d’un soutien de la solidarité auquel ils n’ont pas droit. Cependant, il advient de rappeler l’ampleur de la fraude car elle semble nettement surévaluée dans l’imaginaire collectif. Comme le reconnaissait récemment Mme De Block : « Le constat important, c’est que la fraude sociale est très limité ».
L’audit livré en janvier au cabinet Mme De Block par PriceWaterhouseCooper fait état d’un taux de fraude proche de 4% concernant le revenu d’intégration. Cette façon de lutter contre la fraude a de quoi faire sourire au regard des récentes révélations sur les accords avec le Grand-Duché de Luxembourg ayant permis à 340 multinationales d’éluder la taxation de plusieurs milliards d’euros. A l’opposé, il existe un autre phénomène nettement moins médiatisé le « non-usage » des droits. Il s’agit des personnes qui entrent dans les conditions d’accès pour une aide sociale mais qui n’en bénéficient pas. Les causes sont multiples et pas toujours définies. Ainsi, le manque d’information quant aux conditions d’accès, le sentiment de honte ou de peur face au contrôle à tous les étages semblent faire partie des raisons principales.
Selon une étude publiée par le chercheur Philippe Warin, le non-usage du RSA (équivalent français du Revenu d’Intégration) surpasserait à lui seul la fraude sociale dans son ensemble. Lorsque l’on analyse globalement la consommation énergétique des allocataires sociaux, on constate logiquement qu’elle est inférieure à la moyenne. Les gens disposant de faibles revenus sont contraints de considérer le chauffage comme un luxe, certains y renoncent même complètement face aux tarifs de l’énergie. Si certains chômeurs consomment plus, la cause est souvent évidente : il s’agit de la qualité énergétique des logements.
Pour les écologistes, la priorité est de lutter contre la pauvreté (notamment énergétique) des ménages plutôt que de voir un fraudeur derrière chaque victime de la crise. Il est également nécessaire que ce gouvernement travaille à l’individualisation des droits sociaux et au relèvement de ceux-ci.
Stéphane Roberti, Président du CPAS de Forest